Pour mieux comprendre ce que cache cette notion de liens, passons par une illustration. Créons un fichier (ordinaire) :
$ pwd /home/reine/exemple $ ls $ touch a $ ls -il a 32555 -rw-rw-r-- 1 reine reine 0 Dec 10 08:12 a
L'option -i
de la commande ls affiche le numéro
d'i-nœud, qui constitue le premier champ dans la sortie ; comme
on le constate, avant que ne soit créé le fichier a
, le
répertoire était vide de tout autre fichier. Le troisième champ
présente également un intérêt : il est le compteur de liens pour
le fichier (pour l'i-nœud en fait...).
On peut séparer la commande touch a en deux actions distinctes :
création d'un i-nœud, auquel le système a attribué le numéro 32555, dont le type est celui d'un fichier ordinaire,
création d'un lien vers cet i-nœud, nommé
a
, dans le répertoire
courant,
/home/reine/exemple
. Par
conséquent, le « fichier » appelé
/home/reine/exemple/a
est un
lien vers l'i-nœud de numéro 32555. Il est
pour l'instant le seul et le compteur de liens
indique donc 1
.
Et si, maintenant, nous entrons :
$ ln a b $ ls -il a b 32555 -rw-rw-r-- 2 reine reine 0 Dec 10 08:12 a 32555 -rw-rw-r-- 2 reine reine 0 Dec 10 08:12 b $
nous avons créé un autre lien vers le même i-nœud. Comme on peut
le constater, aucun fichier nommé b
n'a été créé, mais ce
qui a été ajouté est en fait un autre lien vers l'i-nœud de
numéro 32555 dans le même répertoire nommé b
. La deuxième
sortie de ls -l nous indique ainsi que le compteur de
liens est maintenant à 2 et non plus à 1.
Et alors, si nous faisons ce qui suit :
$ rm a $ ls -il b 32555 -rw-rw-r-- 1 reine reine 0 Dec 10 08:12 b $
nous voyons que même si nous avons effacé le « fichier original », l'i-nœud existe encore. Mais maintenant le seul lien vers cet i-nœud est /home/reine/exemple/b
.
Ainsi, un fichier sous UNIX® n'a pas de nom. À la place, il a un ou plusieurs liens, dans un ou plusieurs répertoires.
Les répertoires eux-mêmes
sont aussi stockés dans des i-nœuds, leur compteur de
liens, correspond au nombre de leurs sous-répertoires. Cela est
dû au fait qu'il existe au moins deux liens par
répertoire : le répertoire lui-même
(.
) et son répertoire parent
(..
).
Des exemples typiques de fichiers qui ne sont pas liés (ils n'ont pas de noms) sont les connexions réseau : il vous sera impossible de voir le fichier correspondant à votre connexion à Mandrakelinux dans votre arborescence, quel que soit le répertoire que vous essayiez. De même, quand vous utilisez un tube dans le shell, le fichier correspondant au tube existe bien, mais il n'est pas lié. Les i-nœuds sans nom sont aussi utilisés pour les fichiers temporaires. Vous pouvez créer ainsi un fichier temporaire, le manipuler puis le fermer. Il existe lorsqu'il est ouvert, mais personne d'autre ne peut l'ouvrir (puisqu'il n'a pas de nom). De cette façon, même si l'application plante, le fichier temporaire est effacé.