La ligne de commande est le moyen le plus direct pour donner des ordres à la machine. Si vous utilisez la ligne de commande de GNU/Linux, vous découvrirez vite qu'elle est bien plus puissante et polyvalente que d'autres lignes de commande que vous avez déjà pu utiliser. La raison en est que vous avez non seulement accès à toutes les applications de X, mais aussi à des milliers d'utilitaires en mode console (par opposition au mode graphique) qui n'ont pas d'équivalents graphiques, ou dont les nombreuses options et combinaisons possibles seront difficilement accessibles sous la forme de boutons ou de menus.
Mais, il faut bien l'admettre, la plupart des gens auront besoin d'un peu d'aide pour débuter. Si vous n'êtes pas déjà en mode console et utilisez l'interface graphique, la première chose à faire est de lancer un émulateur de terminal. En accédant au menu GNOME ou KDE ou tout autre gestionnaire de fenêtres que vous pourriez utiliser, vous trouverez un certain nombres d'émulateurs dans le sous-menu + . Ensuite, choisissez celui que vous voulez, par exemple, ou . Selon l'interface graphique que vous utilisez, une icône identifiant l'émulateur de terminal se trouve peut-être sur le tableau de bord (Figure 1.2, « L'icône de l'émulateur de terminal sur le tableau de bord de KDE »).
Le shell est le nom du programme avec lequel vous entrez en relation. Vous êtes devant cette invite (prompt en anglais) :
[reine@localhost reine]$
Ceci suppose que votre nom d'utilisateur soit reine et que
votre nom de machine soit localhost
(ce qui
est le cas si votre machine ne fait pas partie d'un
réseau). L'espace après l'invite est disponible pour taper votre
commande. Notez que quand vous êtes root
, le
$
de l'invite devient un #
(ceci est vrai dans la configuration par défaut, chacun de ces
éléments pouvant être personnalisé). Lorsque vous avez lancé un
shell en tant qu'utilisateur et que vous désirez
« devenir » root
, utilisez la commande
su :
[reine@localhost reine]$ su # Entrez le mot de passe root ; il n'apparaîtra pas à l'écran Password: # exit (ou Ctrl-D) vous fera revenir à votre compte utilisateur normal [root@localhost reine] # exit [reine@localhost reine]$
Quand vous lancez le shell pour la première fois, vous vous retrouvez normalement dans votre répertoire personnel. Pour savoir, à tout moment, dans quel répertoire vous vous situez, tapez la commande pwd (pour Print Working Directory, soit afficher le répertoire de travail) :
$ pwd /home/reine
Nous allons maintenant examiner quelques commandes de base, et vous verrez bientôt que vous ne pourrez plus vous en passer.
La commande cd est
exactement la même que celle sous DOS, avec quelques
fonctionnalités en plus. Elle fait exactement ce qu'énonce son
acronyme : elle change le répertoire de travail. Vous pouvez
utiliser .
et ..
, qui
sont respectivement le répertoire courant et son répertoire
parent. Taper simplement cd vous ramènera à votre
répertoire personnel. Taper cd - vous renverra
dans le dernier répertoire visité. Et enfin, vous pouvez
spécifier le répertoire de l'utilisateur pierre en tapant
cd ~pierre (~
seul signifie
votre propre répertoire personnel). Notez qu'en tant
qu'utilisateur normal, vous ne pouvez pas accéder au répertoire
d'un autre utilisateur (à moins qu'il ne l'ait explicitement
autorisé ou que tel soit le réglage de la configuration par
défaut du système), sauf si vous êtes root
, donc devenons
root
et pratiquons un peu :
$ su Password: $ pwd /root # cd /usr/share/doc/HOWTO # pwd /usr/share/doc/HOWTO # cd ../FAQ-Linux # pwd /usr/share/doc/FAQ-Linux # cd ../../../lib # pwd /usr/lib # cd ~pierre # pwd /home/pierre # cd # pwd /root
Maintenant, redevenons un utilisateur ordinaire en tapant exit ou en appuyant sur Ctrl-D).
Tous les processus ont en fait leurs variables d'environnement. Le shell vous permet de les visualiser directement avec la commande echo. Voici quelques variables intéressantes :
HOME
: cette variable
d'environnement contient une chaîne de caractères
désignant le chemin vers votre répertoire
personnel.
PATH
: elle
contient la liste de tous les répertoires dans lesquels le
shell doit chercher des exécutables quand vous tapez une
commande (notez que, contrairement à DOS, par défaut, le
shell n'ira pas chercher les
commandes dans le répertoire courant !).
PS1
: cette variable
détermine ce que votre invite affichera, et c'est souvent
une combinaison de séquences spécifiques. Vous pouvez lire
bash(1)
dans les pages de manuel
pour plus de renseignements en tapant man
bash dans un terminal.
Pour que le shell affiche la
valeur d'une variable, vous devez mettre un $
devant son nom. Ici, echo va vous être
utile :
$ echo Bonjour Bonjour $ echo $HOME /home/pierre $ echo $USERNAME pierre $ echo Bonjour $USERNAME Bonjour pierre $ cd /usr $ pwd /usr $ cd $HOME $ pwd /home/pierre
Vous constaterez que
le shell substitue la valeur de la variable avant
d'exécuter la commande. Sinon notre
cd $HOME n'aurait pas fonctionné. En
premier lieu, le shell a remplacé, $HOME
par sa valeur, soit /home/reine
; la
ligne de commande est donc devenue cd
/home/reine, ce que nous recherchions. La même chose
s'est produite pour echo $USERNAME.
Peu de choses à dire, si ce n'est que cette commande fait simplement et littéralement ce qu'elle énonce : afficher le contenu d'un ou de plusieurs fichiers sur la sortie standard, donc l'écran en temps normal :
$ cat /etc/fstab /dev/hda5 / ext2 defaults 1 1 /dev/hda6 /home ext2 defaults 1 2 /dev/hda7 swap swap defaults 0 0 /dev/hda8 /usr ext2 defaults 1 2 /dev/fd0 /mnt/floppy auto sync,user,noauto,nosuid,nodev 0 0 none /proc proc defaults 0 0 none /dev/pts devpts mode=0620 0 0 /dev/cdrom /mnt/cdrom auto user,noauto,nosuid,exec,nodev,ro 0 0 $ cd /etc $ cat modules.conf shells alias parport_lowlevel parport_pc pre-install plip modprobe parport_pc ; echo 7 > /proc/parport/0/irq #pre-install pcmcia_core /etc/rc.d/init.d/pcmcia start #alias char-major-14 sound alias sound esssolo1 keep /bin/zsh /bin/bash /bin/sh /bin/tcsh /bin/csh /bin/ash /bin/bsh /usr/bin/zsh
Son nom est un jeu de mots sur le premier pager existant sous UNIX, qui se nommait more[2]. Un pager est un programme dont le but est d'autoriser la visualisation de longs fichiers page par page (plus précisément, écran par écran). Nous parlons de less plutôt que de more car son utilisation est beaucoup plus intuitive. Utilisez donc less pour voir des gros fichiers, qui sont trop longs pour l'écran. Par exemple :
less /etc/termcap
Pour naviguer dans le fichier, utilisez simplement les touches fléchées haut et bas, et Q pour quitter. En fait, less peut faire bien plus : tapez simplement H pour avoir de l'aide (en anglais), et lisez.
Cette commande est équivalente à celle nommée dir sous DOS, mais elle peut accomplir beaucoup plus de choses. Ceci est dû en grande partie au fait que les fichiers, eux-mêmes, font nettement plus ! La syntaxe de la commande ls est comme suit :
ls [options] [fichier|répertoire] [fichier|répertoire...]
Si aucun fichier ou répertoire n'est mentionné sur la ligne de commande, ls dressera la liste des fichiers du répertoire courant. Ses options sont très nombreuses, et nous n'en citerons que quelques-unes :
-a
: donne
une liste de tous les fichiers, y compris les
fichiers cachés
(rappelons que sous UNIX, les fichiers cachés sont ceux
dont le nom commence par un point
(.
)) ; l'option -A
dresse une liste de « presque » tous les fichiers, à
savoir tous les fichiers qu'afficherait l'option
-a
sauf « . » et
« .. ».
-R
: établit une liste récursivement, par exemple,
tous les fichiers et sous-répertoires des répertoires mentionnés sur
la ligne de commande.
-h
: affiche la taille
à côté de chaque fichier dans un format facilement
lisible. La taille sera donc affichée avec les
suffixes K
, M
and
G
, par exemple 234K
ou 132M
. Rappelez vous que les tailles
de fichier sont des puissances de 2, et non pas de
10. Cela signifie notamment que 1K
correspond à 1024 octets, et non pas 1000...
-l
: affiche des
informations supplémentaires sur les fichiers telles que
les permissions associées, le propriétaire et le groupe
propriétaire, la taille du fichier et l'heure à laquelle
le fichier a été modifié pour la dernière fois.
-i
: affiche le numéro
d'inœud (le numéro unique du fichier sur un système
de fichiers, voir Chapitre 9, Le système de fichiers Linux) en face de
chaque fichier.
-d
: traite les répertoires
comme des fichiers normaux au lieu de lister leur
contenu.
ls -R : fait une liste récursive des fichiers du répertoire courant.
ls -ih images/
.. : liste les numéros d'i-nœd et la
taille de chaque fichier du répertoire
images/
et du répertoire
parent.
ls -l
images/*.png : liste tous les
fichiers du répertoire images/
dont le nom
se termine par .png
. Notez que cela comprend
aussi le fichier .png
, si celui-ci existe.
Beaucoup de combinaisons de touches sont disponibles, lesquelles peuvent vous faire gagner un temps précieux. Nous supposons que vous utilisez le shell par défaut de Mandrakelinux, soit bash. Toutefois, ces séquences de touches pourraient aussi fonctionner avec d'autres shells.
D'abord, les touches fléchées : bash maintient un
historique des commandes que vous tapez, dans lequel vous pouvez vous
déplacer avec les flèches haut et bas. Vous pouvez remonter jusqu'à un
nombre de lignes définies dans la variable d'environnement
HISTSIZE
. De plus, l'historique est persistant
d'une session à l'autre, donc vous ne perdrez pas les commandes que
vous avez tapées lors d'une session précédente.
Les flèches gauche
et droite déplacent le curseur dans le sens indiqué. Vous
pouvez ainsi éditer vos lignes de cette façon. Mais il y a
plus en matière d'édition :
Ctrl-A
et Ctrl-E, par exemple, vous amèneront
respectivement au début et à la fin de la ligne
courante. Backspace et
Suppr
fonctionneront comme on s'y
attend. Un équivalent de Backspace
est
Ctrl-H,
tandis que la combinaison de touches
Ctrl-D
et la touche Suppr
peuvent être
substituées. Ctrl-K effacera toute la ligne depuis
la position du curseur jusqu'à la fin de la ligne, et
Ctrl-W
effacera le mot qui précède la position du curseur.
Taper Ctrl-D sur une ligne vide fermera la session actuelle, ce qui est un vrai raccourci par rapport à la commande exit. Ctrl-C interrompra la commande en cours d'exécution, sauf si vous étiez en train d'éditer une ligne. Dans ce cas, ce sera l'édition en cours qui sera interrompue et vous serez ramené à l'invite. Ctrl-L nettoie l'écran. Ctrl-Z arrête une tâche de façon temporaire, elle est suspendue. Ce raccourci clavier est très pratique lorsque vous oubliez de taper le caractère « & » après avoir tapé une commande. Par exemple :
$ xpdf MonDocument.pdf
Donc, vous ne pouvez plus utiliser votre shell puisque la tâche en avant-plan est allouée au processus xpdf. Pour placer cette tâche en arrière-plan et récupérer votre shell, tapez simplement Ctrl-Z puis lancez la commande bg.
Enfin, parlons un peu
de Ctrl-S
and Ctrl-Q : ces combinaisons de touches
servent respectivement à suspendre et à restaurer le flux de
caractères sur un Terminal
. Elles sont très peu utilisées,
mais il peut arriver que vous tapiez
Ctrl-S par
inadvertance (après tout, les touches S et
D sont très proches l'une de l'autre sur un
clavier...). Donc, si vous appuyez sur des touches mais ne voyez
rien apparaître dans votre Terminal
, essayez
Ctrl-Q
d'abord et faites attention : tous les caractères que vous
aurez tapé entre le
Ctrl-S non
désiré et le
Ctrl-Q
apparaîtront alors à l'écran.